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Jeudi 18 septembre 2003
Killarney National Park

On nous avait tant vanté la péninsule d'Iveragh (visitée la veille) qu'elle nous a finalement un peu déçue, certainement à cause du mauvais temps. Aujourd'hui, avec les environs de Killarney, le Kerry se sera très bien rattrapé. Le Parc National entoure les trois principaux lacs, tous parsemés de nombreuses îles de toutes les tailles. Les reflets des eaux et leurs couleurs sont sans cesse différents. Combinés avec les bois et les montagnes, l'endroit nous offre de multiples vues toutes uniques et superbes.
De bon matin, nous laissons la voiture sur un parking près de l'entrée du parc, pour faire le tour de Muckross (ou Middle) Lake, voire un peu plus...


Lough Leane
Lough Leane.



Muckross Abbey est un monastère bati en 1440 à l'endroit où Saint Fionán avait bâti le sien, pour faire face au succès de celui qu'il dirigeait sur l'île d'Innisfallen, à quelques kilomètres de là, sur le Lough Leane. Mais ce monastère primitif a été incendié en 1192. La construcion du bâtiment actuel fut commencée par les franciscains en 1440 et l'abbaye fut opérationnelle huit ans plus tard. Au centre du cloître pousse un if qui serait aussi vieux que l'abbaye, faisant de lui le plus viel arbre d'Irlande.


Muckross Abbey
Muckross Abbey.



Lorsque l'abbaye fut attaquée en 1589, les moines cachèrent leur trésor sur l'une des trentes îles du lac, si bien que leurs aggresseurs ne purent jamais mettre la main dessus. L'abbaye fut incendiée comme beaucoup d'autres par les troupes de Cromwell en 1652. Les ruines qu'il en reste témoignent de l'époque de sa construction, dans un style moitié normand, moitié gothique. Le cimetière autour de l'église abrite les tombes de nombreux poêtes, inspirés par la beauté des lieux, et de grands chefs de clans antiques, comme les O'Sullivan, MacGillycuddy, O'Donoghue, ainsi que les restes du dernier roi de Desmond.


Lough Leane ou Lower Lake
Lough Leane ou Lower Lake.



Le Parc National de Killarney est né en 1932, lorsque les héritiers du Sénateur Arthur Vincent firent don de plus de 4000 hectares de bois à l'Etat libre d'Irlande (qui n'était pas encore tout-à-fait indépendant), auquels vinrent s'ajouter plus récemment les trois lacs, les bois et montagnes environnantes ainsi que d'anciens domaines, formant aujourd'hui un ensemble de plus de 10000 hectares. C'est bien sûr un endroit connu pour sa pêche, mais aussi pour ses bois, où se trouvent de nombreuses essences, et notemment la plus grande forêt de chêne naturelle irlandaise. Les oiseaux sont nombreux à vivre dans cet espace protégé, ansi que le cerf rouge, qui en est l'emblême.


Le parc de Muckross Housse
Le parc de Muckross Housse.



Mais les animaux n'étaient autrefois pas les seuls habitants de l'endroit. Tandis que nous avançons le long du lac, le paysage change encore, les bois laissent place à des allées bien perpendiculaires, traversant des prés régulièrement plantés. Nous entrons dans le parc de Muckross House, grande demeure victorienne bâtie en 1843 en face du lac du même nom. Plus loin, des jardins tantôt à la française tantôt à l'anglaise agrémentent cette belle propriétée, jouxtée d'une ferme traditionnelle irlandaise en exploitation.


Muckross House
Muckross House.



Muckross House se visite, son entrée, celle des jardins et de la ferme sont payantes. L'intérieur de la maison reconstitue le style de vie de l'époque de sa construction, ausi bien pour ses propriétaires que pour les domestiques y travaillant. La demeure abrite aussi une exposition de l'artisanat local (potteries, reliures, etc). C'est aussi de là que partent les carrioles pour ceux qui préfèrent faire le tour du lac sans se fatiguer (ce qui n'est pas forcément le cas du cheval, mais on ne lui demande pas son avis).


Les bois de Muckross Lake
Les bois de Muckross Lake.



Nous continuons notre chemin, et le paysage change encore près de Muckross Lake. Comme dit plus haut, les arbres de ces bois sont très variées, le chêne étant l'essence endémique la plus répandue. On s'en servait principalement pour la construction des navires, mais aussi pour celle des barriques. Certains ont plus de 300 ans, ce qui est beaucoup pour le climat irlandais. Mais la protection qu'offrent les montagnes aux flancs escarpés permet la croissances d'autres espèces. On y touve l'un des trois seuls bois d'if d'Europe, avec les plus gros spécimens, des bois de séquoias, bouleau, saules, aulnes, rodhodendrons, houx, hêtres, trembles, eucalyptus, pins, etc.


Muckross Lake - Cliquez pour agrandir
Muckross lake - Cliquez pour agrandir.



Les montagnes, façonnées il y a des milliers d'années par la fonte d'immenses galciers, contribuent à cette extraordinaire variété de paysages. Leur couleurs différentes suivant leur exposition, leur végétation et leur éclairage se reflètent à la surface des eaux légèrement agitées par un vent insaississable. A la rencontre des deux plus grand lacs Lough Leane (le lac de la jeunesse en irlandais) et Muckross lake, viennent se mêler les eaux du troisième, via un torrent venant d'Upper Lake. A Dinis, justement surnommé meeting of the waters, l'eau est tantôt calme, tantôt agitée.


Lough Leane vu Dinis
Lough Leane vu de Dinis.



La même vue à quelques instants d'intervalle peut sembler très différente. Ci-contre, la photo a été prise au même endroit que la précédente, mais déjà, les couleurs ont changées, les ombres des nuages et leurs reflets ne sont plus les mêmes.

Suivant la saison, les eaux des lacs peuvent être plus ou moins hautes. Notre visite eut lieu un mois après les jours particulièrement chauds d'août 2003, laissant les eaux à un niveau particulièrement bas (cela se voit sur la photo). En hiver ou au printemps, les bottes sont parfois indispensables, tant l'eau envahit les chemins, en rendant certains impraticables. On peut encore une fois profiter de paysages encore nouveaux...

Lough Leane vu Dinis
Lough Leane vu Dinis.


On a recensé plus de 140 espèces d'oiseaux dans le Parc National de Killarney. Certains y habitent, d'autre n'y font que passer l'été, comme l'hirondelle, le coucou, ou bien l'hiver, comme les cygnes de Tael ou une bande d'oies blanches, qui repartent passer les beaux jours en terre artique ou au Groenland. Parmi les sédentaires, se trouvent des rapaces comme les chouettes effraie, des balbuzard pêcheurs qui se nourissent dans les eaux du lac, ou des faucons pélerins et toute une tripotée d'oiseaux communs, tous protégés ici. Cette très grande diversitée s'explique par celle des différents écosystèmes présents dans le parc : des lacs, des forêts et des montagnes, qui offrent abris et nouritture pour tous.


Au sud de Muckross Lake
Au sud de Muckross Lake.



Le sentier disparaît sur la fin de la promenade, nous n'avons pas d'autre choix que de marcher sur la route nationale qui va de Kenmare à Killarney. Les arbres masquent la vue, il n'y a pas de bas-côté, on prendra vite le premier sentier venu, qui nous emmènera vers les chutes de Torc. Celles-ci, hautes de 18 mètres, ne sont pas si impressionnantes que ça, probablement parce que la fôret n'offre pas assez de recul. La montée est assez rude pour y accéder, mais nous continuerons a suivre le chemin déserté le long du mont Torc. Bien nous en prit ! Ce chemin nous montrera que même hors du Parc National, le Kerry reste magnifique.


Lake Garagarry, Devil's Punch Bowl, Horse's Glen depuis le Mont Torc
Lake Garagarry, Devil's Punch Bowl, Horse's Glen depuis le Mont Torc.




Lady's View - Gap of Dunloe

Rochers près de Lady's View
Rochers près de Lady's View.



En 1861, la reine Victoria visitait l'Irlande, et fit fait une halte à Killarney. C'est grâce aux dames de sa suite, qui firent une petite promenade dans la montagne (en calèche, bien sûr), que la région se souviendra d'elle. Ces dames furent tellement émerveillées par la vue qui s'étendait à leur pieds près de Durrycunnihy - la plus belle d'Irlande à leurs dires - que désormais l'endroit s'appelle Lady's view, en souvenir de leur passage. Le panorma exceptionnel englobe les MacGillycuddy's Reeks (avec le plus haut sommet d'Irlande à 1039m), le passage de Dunloe, Purple Mountain, Torc Mountain, au centre desquels s'ouvre la vallée, parsemée de lacs et de forêts, vers Killarney.


Lady's View
Lady's View.



Malgré le mauvais temps qui pointe le bout de son nez, la vue est réellement magnifique, et de tous les côtés. Nous continuons le grand tour des lacs vers le Gap of Dunloe. Ce passage, entre deux montagnes aux versants très abruts, est du à la fonte d'un glacier. La toute petite route serpente tellement qu'elle doit multiplier la longueur du parcours par trois ou quatre. Il y a des lacs en haut, au milieu et en bas du passage. Il y a de l'eau partout, tout comme les rochers qui se sont détachés de la montagne.


Gap of Dunloe
Gap of Dunloe.



Nous voyons de près nos premiers moutons, qui, nullement apeurés, ne se poussent pas trop du milieu de la route. Après tout ils sont chez eux. Les moutons irlandais ont la tête noire (pas toujours entièrement), les poils longs et surtout se balladent la plupart du temps en totale libertée. La réputation de leur laine n'est plus à faire, l'Irlande compte plus de 8 millions de têtes de moutons (et quatre fois plus de pattes), c'est-à-dire autant que de chevaux, vaches et cochons réunis. C'est surtout l'occasion de vous montrer un bel exemplaire de ces sympatiques bestiaux, sans qui l'Irlande ne serait pas l'Irlande.


Le mouton irlandais
Le mouton irlandais.



La fin de la journée approche, il nous faut trouver un camping, comme ceux de Killarney sont assez proches, nous faisons un petit détour faire les Duloe Ogham Stones.

Une des huit Duloe Ogham Stones
Une des huit Duloe Ogham Stones.

Il s'agit en fait de pierres oghamiques, comme nous en avons parlé précedemment. Ces pierres, qui ont toutes été trouvées dans la région (Killbonane, Coolmagort), ne sont en fait que des copies, afin de préserver les originales, à l'abri dans un musée, des grafittis de petits malins. L'alphabet oghamique n'est en réalité pas une invention proprement celtique, il s'agit d'une transcription de l'alphabet latin, amené par les premiers moines vers le Ve siècle.

Cependant, on ne trouve aucun exemplaire de cette écriture sur le continent, on ne la trouve qu'en Angleterre ou en Irlande. La légende la fait remonter au dieu Oghma, d'origine grecque. Elle s'inspire plus vraisemblablement des runes scandinaves, les drakkars vikings ayant déjà établi des colonies en Irlande dès les premiers siècles après JC. Cette rencontre entre un alphabet d'un pays et une écriture d'un autre permit en tout cas de mettre pour la premier fois par écrit la langue d'un troisième, même s'il ne s'agit que d'inscriptions funéraires, la plupart sous la forme d"X fils d'Y".



17 septembre 2003               19 septembre 2003



 
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